Le ministère malien des Affaires étrangères a distribué mercredi aux journalistes une lettre envoyée par le chef de la diplomatie, Abdoulaye Diop, à la présidence chinoise du Conseil de sécurité. Le Mali “se réserve le droit de recourir à la légitime défense” si les actions françaises persistent, selon la Charte des Nations unies, a déclaré le ministre. La junte dirigée par le colonel Assimi Goïta après le coup d’État d’août 2020 a pris ses distances avec la France, ancienne puissance coloniale, et ses alliés en Russie et mercenaires du groupe Wagner. Des manifestants s’étaient rassemblés à Gao pour hâter le départ de l’armée française. Une marche prévue mercredi à Niamey contre la présence des militaires de la force Barkhane au Niger a été interdite. En avril, les législateurs nigérians ont voté massivement en faveur d’un texte autorisant le déploiement de forces étrangères sur le territoire, notamment françaises, pour combattre les jihadistes.
“Insulte à la mémoire de nos 59 camarades” tombés au Mali
Ce groupe est accusé de nombreuses exactions contre les civils. L’ONU avait confirmé début août l’implication de l’armée malienne et de “soldats blancs” – suspectés d’être des membres de Wagner – dans la mort de 33 civils en mars. En avril, l’ONG Human Rights Watch (HRW) faisait état de l’exécution sommaire de 300 civils par des militaires maliens liés à des combattants étrangers, présumés russes, à Moura, dans le centre du pays. Des “mercenaires” russes auraient également enterré des corps dans le but d’accuser la France d’avoir laissé derrière eux une fosse commune, selon l’armée française. Abdoulaye Diop dénonce dans cette lettre les “violations répétées et fréquentes” de l’espace aérien national par les forces françaises et les vols d’avions français impliqués dans des “activités considérées comme de l’espionnage” et des tentatives d’”intimidation”. Les autorités maliennes disposent de “preuves substantielles que ces violations flagrantes de l’espace aérien malien ont été utilisées par la France pour recueillir des renseignements au profit de groupes terroristes opérant au Sahel et pour larguer des armes et des munitions sur eux”, ajoute le texte. Le général Bruno Baratz, commandant de la force française Barkhane, a trouvé “surprenant” que les Français soient accusés de soutenir les djihadistes. “C’est un peu insultant pour la mémoire de nos 59 camarades (français) tombés au combat pour le Mali, et pour la mémoire de tous les Malios qui ont combattu avec nous, mais aussi pour le personnel de la Minusma, les forces africaines de la Minusma qui sont tombées au combat contre le terrorisme “, a-t-il déclaré à Radio France Internationale au Niger, voisin du Mali et allié français, qui a accepté de maintenir une base aérienne. Français à Niamey.
Merveilles berlinoises
Une présence russe à Gao, où est stationné un contingent de soldats allemands, “changerait l’environnement de la mission”, a prévenu un porte-parole du ministère allemand de la Défense, sans plus de détails. Immédiatement après le départ des Français, “nous avons des informations selon lesquelles environ 20 à 30 personnes, qui ne peuvent être attribuées aux forces armées maliennes, ont été vues dans un hangar en train de charger et de décharger un avion”, a-t-il poursuivi. L’Allemagne veut savoir ce que prévoit la junte au pouvoir alors que la rotation des soldats allemands déployés au Mali est prévue jeudi, selon Der Spiegel. Est-ce toujours d’actualité ? Les relations entre le Mali et l’ONU, dont les casques bleus sont sur le sol malien depuis 2013, se sont également détériorées ces derniers mois.
L’ONU salue le “rôle stabilisateur” de la France.
Interrogé sur les accusations du Mali contre la France, le porte-parole adjoint du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré que l’ONU était “extrêmement reconnaissante à la France et aux forces françaises pour leur engagement” à stabiliser le Mali. Farhan Haq a espéré devant la presse sans nommer personne que tout autre pays coopérant avec les autorités maliennes tenterait de “jouer également un rôle stabilisateur”.
Concernant la réunion extraordinaire du Conseil, il a dit que la décision appartenait à ses membres