Le département bloque

Le public, le public, est dans un bureau dominé par une chaleur torride. Des discussions, juridiques et philosophiques, révèlent la complexité de la situation de Romain Dupuy. A partir de 2018, les médecins qui le suivent estiment qu’il s’est stabilisé et n’entre plus dans une unité pour patients difficiles. Dans cinq cas, la commission de suivi médical a préconisé son départ de l’UMD et son hospitalisation complète en service de psychiatrie générale. À l’exception d’un seul, les psychiatres nommés par le tribunal ne s’y sont pas opposés. Mais la préfecture n’a jamais signé d’arrêté de transfert. En 2019, le cas de Romain Dupuy était étudié à l’hôpital Charles-Perrens de Bordeaux. La piste a finalement été abandonnée, après que l’installation ait été refusée.

“Je suis stigmatisé”

Face au président Alain Deslabres, Romain Dupuy s’exprime calmement et clairement. “Depuis 2015, je suis tous mes soins, je reçois la même molécule. Les quelques libertés qui m’ont été accordées se sont très bien passées. Je n’ai eu aucun problème avec personne. » « Mais comprenez-vous les craintes qui peuvent exister en changeant d’unité ? “, demande le procureur. “Non. Je suis stigmatisé pour violation des droits de l’homme. C’est un abus, un abus de pouvoir. Les actes que j’ai commis sont graves, je ne le conteste pas. Mais j’en connais d’autres qui ont quitté l’UMD. Pourquoi pas moi ? Je suis quelqu’un qui a regretté, qui a reconstruit.” “Une trentaine de patients sont sortis de l’UMD l’an dernier”, précise Marie-Claire Dupuy, sa mère, qui était présente avec son père et son oncle et invitée à prendre la parole. “On ne demande pas une sortie sèche, ce qui serait inapproprié, mais exactement ce à quoi Romain a droit depuis plus de quatre ans. Le nier, c’est nier les droits les plus élémentaires. Alors qu’il était déclaré irresponsable, devait-il rester ad vitam aeternam dans une cellule à double verrouillage ? Cette politique de contrôle empêche toute publicité. Il y a des limites à ce qu’une personne peut supporter. »

“Il y a un risque de récidive”

Des réflexions auxquelles le procureur général Xavier Chavigné et un représentant du Service régional de santé ne répondent pas, confinés dans le domaine exclusif du droit. Pour eux, le juge des libertés et de la détention n’est pas compétent pour statuer sur un tel transfert qui relève de l’autorité administrative. Comme prévu, ils demandent que la décision du 9 juin soit annulée à ce stade. Alors pourquoi la préfecture n’a-t-elle pas pris d’arrêté depuis 2018 ? “Parce que l’UMD est la structure la plus efficace et la plus adaptée pour soigner et stabiliser M. Dupuy. “Son renvoi présenterait un risque sérieux de porter atteinte à l’ordre public et à la sécurité des personnes”, a déclaré son porte-parole. Selon lui, “il est bon de se méfier de l’apparente absence d’agressivité et de violence” des trentenaires. S’appuyant sur les conclusions des experts et rappelant l’ancienne addiction au cannabis de Romain Dupuy, la préfecture estime qu’”il existe un risque de récidive en cas de changement et de consommation de substances toxiques”. “Cependant, il est possible d’obtenir des médicaments dans un hôpital psychiatrique traditionnel, où le risque d’évasion est également élevé. » Romain Dupuy n’a plus touché au cannabis depuis 2013. “Comme tout humain, il a évolué. Nous vous demandons de le respecter. Nous vous exhortons à avoir le courage de confirmer l’ordonnance du 9 juin », ont déclaré ses avocats, Mes Hélène Lecat et Serge Portelli.