Chaque suspente se compose de deux fils d’acier verticaux qui relient les deux énormes fils de support au tablier du pont. L’Enquête a reçu des vidéos et des résultats de tests montrant les résistances les plus basses qu’ils aient jamais vues depuis les premiers tests effectués en 2015 sur des câbles de suspension. Deux des cinq lignes ont été remplacées en urgence l’automne dernier et l’un des câbles avait perdu 57 % de sa résistance d’origine. Il ne restait plus que 43% de capacité, le pire résultat à ce jour. Le test consiste à tirer progressivement chaque câble jusqu’à ce qu’il casse, ce qui permet de connaître sa résistance restante. Un rapport signé par deux ingénieurs du MTQ produit à la suite de ces tests et obtenu par l’Enquête révèle des résultats démontrant une diminution significative et accélérée de la résistance des lignes. Les dommages et la perte de capacité évoluent et continueront d’évoluer à un rythme accéléré, a-t-il déclaré. Dans ce document on apprend que les 160 câbles du pont Pierre-Laporte sont vérifiés lors des inspections générales du pont, mais que certaines parties sont inaccessibles, il est impossible de connaître leur véritable état sans les enlever. Des inspections visuelles récentes et des tests récents le confirment : ces câbles deviennent de plus en plus rouillés. Vous pouvez voir des fils d’acier brisés visibles à la page 43 du rapport du MTQ. Photo : Radio Canada Ce rapport de 100 pages a été envoyé aux chefs de département et aux cadres le 21 avril. Selon nos informations, ils ont cependant été informés des faibles résultats des tests de résistance bien avant de recevoir le document. Les auteurs suggèrent de remplacer toutes les lignes. Le plus tôt sera le mieux, écrivent-ils, certaines devraient être faites à court terme pour éviter des remplacements d’urgence ou des effets importants sur le fonctionnement du pont. Ils signalent également le risque d’échec de la cataracte compte tenu de l’incertitude sur l’état des lignes. Les ingénieurs expliquent que si un câble casse, les câbles adjacents doivent pouvoir supporter cette charge. La redistribution de la charge aux éléments endommagés adjacents peut entraîner la rupture des derniers éléments, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’une éventuelle rupture de ligne généralisée se produise. “Il est absolument nécessaire d’éviter de casser une ou plusieurs lignes avec le résultat final improbable mais possible d’une interruption catastrophique de la cascade. […] ce qui pourrait éventuellement provoquer l’effondrement de la construction. » – Extrait de Extrait du rapport sur le système de suspension du pont Pierre-Laporte La rapidité avec laquelle les dégâts se produiront est presque impossible à estimer. La gestion du risque de rupture de ligne n’est plus acceptable depuis longtemps.
Je ne sais pas, répond le MTQ
Nous avons invité le MTQ à commenter nos révélations. Il nous a offert une entrevue avec l’ingénieur qui coordonne les grands ouvrages à la direction territoriale Chaudière-Appalaches pour le ministère des Transports. Christian Mercier dit ne pas avoir eu accès au rapport alarmant signé par deux ingénieurs du MTQ. Christian Mercier coordonne les grands ouvrages de l’administration territoriale Chaudière-Appalaches pour le ministère des Transports du Québec. Photo : Radio Canada Nous savions qu’il y avait un projet global de gestion de projet à venir, mais nous ne savions pas qu’il y avait un besoin urgent pour les restes comme vous le dites. Je ne le savais pas, dit M. Mercier. Ce dernier est responsable de l’équipe qui gère et planifie les travaux ainsi que les inspections du pont Pierre-Laporte. Il dit ne pas savoir pourquoi le document, qui est entre les mains des dirigeants et cadres du MTQ depuis près de deux mois, ne lui a pas encore été transmis.
Autres examens, mais pas urgents
Nous suivons les recommandations que nous recevons. Nous n’avions aucune recommandation pour remplacer les lignes à très court terme. Christian Mercier et son équipe s’appuient sur le savoir-faire d’une société américaine qui réalise des tests complémentaires sur les lignes. Les fils jaunes de ce câble de suspension Pierre-Laporte montrent des fils d’acier cassés. C’est la partie du cintre qui se trouve près des bases d’ancrage, qui sont situées sous le tablier du pont. Photo : MTQ Il explique que les résultats des tests de résistance effectués à Polytechnique Montréal ont été transmis aux spécialistes de l’entreprise, à l’exception des échantillons de fils prélevés sur les lignes qui ont été remplacées. M. Mercier s’attend à recevoir sous peu l’analyse complète de ces experts externes et leurs recommandations. Je ne peux pas tirer de conclusions, je ne suis pas un expert des ponts suspendus. Le remplacement complet des 160 suspentes du pont Pierre-Laporte n’est pas prévu à court terme. Le MTQ prévoit le faire sur une période de 5 à 15 ans, selon des documents consultés par Radio Canada. Les lignes sont remplacées lorsqu’une inspection visuelle démontre l’urgence et seulement 15 d’entre elles ont changé à ce jour. Cela permet de remplacer le 145. Les suspentes du pont Pierre-Laporte à Québec deviennent moins durables et certaines pourraient reculer à tout moment, selon les informations reçues par l’émission Enquête. Préoccupé par l’état de la liaison principale entre Québec et Lévis, un ingénieur veut donner les faits à la population. Exposition de Marie-Pier Bouchard.
“Dans un monde idéal, nous serions déjà en construction”
Cependant, un ingénieur au fait du dossier s’inquiète de l’état du pont et de ce qu’il considère comme de l’inaction de la part du MTQ. Dans un monde idéal, nous serions déjà en construction, argumente-t-il. Ce dernier estime que toutes les suspentes du pont Pierre-Laporte devraient être changées d’ici quatre ou cinq ans au maximum. Je dirais qu’il est minuit moins une. Plus il y aura d’érosion, plus cela accélérera le phénomène. Alors, à un moment donné, on perd un peu le contrôle. Si nous n’agissons pas à temps, il sera peut-être trop tard. […] Trop tard ne veut pas forcément dire que le pont coulerait au fond de la rivière, mais on ne peut pas se permettre de le fermer pendant plusieurs semaines. Ce serait impensable. Il a fait confiance à l’Enquête après avoir tenté de se faire entendre auprès des autorités compétentes. Nous avons accepté de protéger son identité car il craint des représailles. “Évidemment, le message ne passe pas, car si le message passait, nous ne serions pas là. » – Un extrait d’un ingénieur ayant une bonne connaissance du dossier Dans d’autres parties du monde, une fois que nous trouvons une ligne endommagée, nous commencerons à remplacer toutes les lignes. No 10, 15, 20… Ligne endommagée, affirme notre informateur. Le pont de Forth Road, en Écosse Photo : Getty Images / PAUL ELLIS Plusieurs ponts suspendus ont subi un premier remplacement complet de ligne avant leur 50e anniversaire. C’est le cas du Golden Gate Bridge à San Francisco, du Forth Road Bridge en Ecosse et du Pont d’Aquitaine en France. Ce travail a été réparti sur une moyenne de deux ans. Le pont Pierre-Laporte a 52 ans et nous n’avions jamais eu d’inspection complète des suspentes avant nos 45 ans. Lancez le widget. Ignorer le widget ? Fin du widget. Retour en haut du graphique ?
travail urgent
Les échanges de courriels reçus par l’Enquête nous apprennent que depuis 2016, les ingénieurs du MTQ insistent sur l’urgence de planifier un remplacement complet de toutes les lignes afin d’éviter des travaux d’urgence. Les premiers échanges que nous avons remontent à 2016, après le remplacement des deux premières lignes sur le pont Pierre-Laporte. L’un d’eux avait perdu près de 40% de sa force d’origine. Les ingénieurs ont continué à exprimer leur inquiétude à l’interne et, au fil du temps, l’état des lignes a continué de se détériorer. Ce que craignaient certains experts s’est réalisé : le MTQ a dû effectuer des travaux d’urgence l’automne dernier pour remplacer deux lignes endommagées. Pendant des semaines, la voie de droite a été fermée aux poids lourds dans les deux sens pour éviter la surcharge des lignes endommagées, et des câbles temporaires ont été posés en prévision du remplacement des lignes. Le rapport indique : “Quelques fils cassés sous les plaques de guidage. Corrosion, principalement à la base. Défauts susceptibles de réduire la capacité des conduites à supporter des charges. Corrosion de certaines selles. Vibration de certaines lignes avec perte de recouvrement. Absence de calfatage par endroits et mauvaise adhérence entre les deux moitiés de certains cols. » Photo : ministère des Transports du Québec Néanmoins, Christian Mercier dit attendre les recommandations de la société extérieure. Interrogé sur la nécessité de documenter davantage le dossier avant de se lancer dans un plan de remplacement complet à court terme, il a répondu que le MTQ aimerait connaître la durée de vie d’une ligne. On veut savoir par quelle ligne commencer, quelle ligne finir, de combien de temps on dispose, explique l’ingénieur. Il prétend que le MTQ a fait appel à…