Posté à 17h00
                Vincent Larouche La Presse             

Il s’agit d’une réclamation en dommages intentée par Revenu Québec contre Fujitsu. Cette multinationale informatique est le fournisseur et vendeur de la plateforme DXP, qui devait faciliter la vie des fonctionnaires en leur donnant un accès facile à toutes les informations sur un contribuable et en automatisant les attributions de dossiers. Dans la poursuite déposée au tribunal de Montréal, Revenu Québec prétend que Fujitsu l’a trompée en faisant de fausses déclarations sur les réelles possibilités de sa plateforme. En 2015, lorsque Revenu Québec a annoncé son appel d’offres pour une nouvelle plateforme informatique, l’agence gouvernementale avait des exigences claires : le produit devait pouvoir supporter le travail de 8 500 fonctionnaires, dont 3 000 permanents, avec un temps de réponse maximal de trois secondes pour chaque requête dans le système. Car avec la quantité astronomique d’informations que les collaborateurs doivent traiter, chaque seconde compte. Une réponse très lente, multipliée par des millions de transactions, pourrait peser lourdement sur la réponse de la machine fiscale du Québec. « C’est la norme interne à Revenu Québec. On essaie de ne pas dépasser trois secondes par requête, mais déjà, trois secondes c’est la limite. Ça devrait être une seconde ou deux », a expliqué une source interne qui s’est confiée à La Presse sous couvert d’anonymat car elle n’était pas autorisée à s’exprimer publiquement sur le dossier. IMAGE DE GOOGLE MAPS Fujitsu est une multinationale informatique japonaise. Dans sa poursuite, Revenu Québec prétend que Fujitsu lui a promis une plateforme performante capable de traiter beaucoup plus d’informations que ne le demandent les autorités fiscales. “Il n’y a pas de limite au nombre de cas ou d’utilisateurs”, a déclaré un porte-parole de la société lors d’une présentation. “Il ne fait aucun doute que la solution fonctionnera. “Nous avons des endroits où ils gèrent six millions de cas à la fois”, aurait ajouté un expert de Fujitsu dans la même présentation.

Quelques minutes au lieu de trois secondes

Par conséquent, Revenu Québec a acheté la plateforme DXP en 2016. Le contrat initial était d’environ 11 millions de dollars, mais il y a eu des ajouts ultérieurs. “Le but était de gagner du temps, de faciliter la gestion du projet”, explique une source au sein de l’agence gouvernementale. Les responsables ont commencé à tester la plate-forme à faible volume, bien inférieure à ce dont ils auraient éventuellement besoin. Les résultats ont été désastreux, explique Revenu Québec. Au lieu de trois secondes, le temps de réponse d’une requête au système était parfois de “quelques minutes”, selon la requête soumise au tribunal. “Ces problèmes suscitent de nombreuses plaintes de la part des utilisateurs et cette situation n’est pas tenable à court, moyen ou long terme”, a déclaré un responsable des services publics dans un e-mail à Fujitsu citant des documents judiciaires. “Outre les problèmes de performance, de nombreuses autres exigences du contrat ne semblent toujours pas satisfaites”, indique le procès. C’était un vrai cauchemar de travailler avec DXP. Il y a beaucoup de bugs et d’anomalies, et cela nous a mis loin en retard dans le développement. Un initié qui a fait confiance à La Presse Le logiciel s’est avéré “inutile”, “contre toute attente”, confirme Revenu Québec dans une nouvelle annonce publique visant à trouver une alternative et publiée l’hiver dernier. Revenu Québec précise que lors d’une rencontre en février 2021, des représentants de Fujitsu Conseil ont admis qu’ils ne pouvaient garantir que la plateforme répondrait aux exigences des autorités fiscales et qu’elle n’avait jamais été appliquée à un client ayant des besoins similaires, ce qui contredit le précédent. représentations de la société. « À cette époque, Revenu Québec a attendu en vain pendant près de cinq ans une plateforme qui répondait aux exigences », explique la proposition soumise au tribunal. La poursuite allègue que l’entreprise ne pouvait ignorer le fait que sa plateforme ne pouvait répondre adéquatement aux besoins du fisc québécois. Revenu Québec réclame maintenant 34 millions à Fujitsu pour compenser ses pertes dans ce dossier, notamment l’achat de la plateforme, le support technique et l’implantation, dont le montant net de 4,5 millions en pertes de bénéfices imposables n’a jamais été implanté depuis sa nouvelle plateforme n’a pas pu être mis en œuvre.

Relations brisées

Le procès risque de nuire à la relation entre l’organisme public et l’un de ses principaux fournisseurs. Fujitsu a remporté de nombreux contrats au fil des ans avec Revenu Québec. En 2013, Le Journal de Montréal révélait également que l’entreprise avait remporté quatre appels d’offres pour Revenu Québec, qu’elle avait contribué à développer en tant que consultant. Dans son offre de vente de la plateforme DXP, Fujitsu a également souligné « la grande connaissance de Revenu Québec de son environnement technologique, de son organisation et de ses opérations ». “Nous sommes au courant de cette poursuite, mais ne commentons pas le litige en cours”, a déclaré Tamara Keserovic, directrice marketing par intérim de Fujitsu Amérique du Nord, à son arrivée à La Presse. À Revenu Québec et au bureau du ministre des Finances Éric Girard, on refuse aussi de commenter cette affaire.

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			12 000 Nombre d’employés de Revenu Québec 			 			Source : Revenu Québec 		      				6,8 millions Nombre de personnes produisant une déclaration de revenus au Québec chaque année 			 			Source : Revenu Québec 		 				Nombre d’entités légales produisant une déclaration de revenus annuelle au Québec 			 			Source : Revenu Québec 		  


		Source : Revenu Québec 		
		Source : Revenu Québec 		
			Nombre d’entités légales produisant une déclaration de revenus annuelle au Québec 			
		Source : Revenu Québec