Après des heures d’intense activité judiciaire, le premier vol de demandeurs d’asile du Royaume-Uni vers le Rwanda a finalement été annulé à la dernière minute, mardi après-midi 14 juin, au grand soulagement d’une poignée d’immigrés – trois Iraniens, un Vietnamien, deux Irakiens et un Albanais – qui devaient y être transférés contre leur gré. Ils ont fini par recevoir des suspensions, notamment grâce à des recours urgents auprès de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Le Boeing 767, qui avait été spécialement affrété pour eux et devait décoller de la base militaire de Boscombe Down (sud-ouest de l’Angleterre), est resté cloué au sol. Ce vol devait initialement transporter environ 130 passagers, mais la grande majorité d’entre eux avaient fait appel avec succès de la décision de les expulser devant la justice britannique ces derniers jours, citant des cas personnels – victimes de tortures, mineurs, etc. L’annulation met à mal la nouvelle politique d’immigration du gouvernement de Boris Johnson, qui vise à envoyer au Rwanda des “milliers” de demandeurs d’asile arrivés “illégalement” au Royaume-Uni (traversant la Manche sur des bateaux pneumatiques) pour les dissuader d’entreprendre cette voyage périlleux. Lire aussi : Cet article est pour nos abonnés Le Royaume-Uni va envoyer des demandeurs d’asile au Rwanda
“Les préparatifs du prochain vol commencent maintenant”
Même si l’avion devait décoller avec seulement quelques demandeurs d’asile, “ça vaut le coup”, estime Liz Trace, qui a fait le tour de la télévision britannique mardi matin. “C’est une question de dissuasion”, a insisté le ministre des Affaires étrangères, ajoutant que ces vols avaient également pour but de décourager les traversées de la Manche. Selon les médias britanniques, le vol de mardi devait coûter au gouvernement .000 500 000 (576 000 euros). Outre l’ethos de l’accord entre Londres et Kigali – exceptionnellement dénoncé par toute la hiérarchie de l’Eglise anglicane – c’est aussi sa légitimité qui a également été mise en cause mardi soir. La Cour EDH a pris une mesure “intermédiaire” et “urgente” de dernière minute contre l’envoi de demandeurs d’asile au Rwanda, citant les inquiétudes du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) concernant les conditions d’accueil au Rwanda ou le fait qu’il n’existe pas de mécanisme pour coopération entre Kigali et Londres permettant le retour des déportés au Royaume-Uni. “Renvoyer les personnes fuyant la violence vers un pays à des milliers de kilomètres [du Royaume-Uni] il était déjà cruel et impitoyable. C’est désormais potentiellement illégal”, a déclaré sur Twitter Sadiq Khan, le maire travailliste de Londres. Il ne vous reste plus qu’à lire 58,08% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.