CHAUFFAGE MONDIAL – Une nouvelle vague de chaleur va frapper la France dans les prochains jours. Cet épisode potentiellement chaud devrait voir plus de 30 degrés sur toute la France. Le seuil des 40 degrés a de fortes chances d’être dépassé dans plusieurs zones, établissant un tout nouveau record de chaleur dans certaines villes de la moitié ouest (Toulouse, Nantes, Bordeaux, etc.). Il fait chaud, surtout pour un mois de juin et quand l’été n’est pas encore officiellement là. Globalement, cela s’inscrit dans une année 2022 très sèche. Avec un déficit pluviométrique de 45 %, le printemps 2022 est le troisième le plus sec depuis 1959. De plus, il est le troisième le plus chaud de France depuis 1900, ne dépassant que ceux de 2011 et 2020. (et égal à 2007). Si elle est qualifiée d’extrême, cette vague de chaleur pourrait bien devenir banale, en raison du réchauffement climatique. Et cela risque d’avoir des conséquences, conduisant à “une éventuelle modification du fonctionnement des saisons”, confirme au HuffPost Gaétan Heymes, ingénieur prévisionniste à Météofrance.

Aile ou dôme thermique ?

Si le changement climatique augmente la fréquence des vagues de chaleur, quelle en est l’origine ? Quant à la canicule qui va venir, la cause est une masse d’air chaud qui prend la forme (éventuellement) d’une aile, d’un panache ou même d’un tentacule. Comme l’explique Gaétan Heymes, “avec une aile de chaleur, une masse d’air est emportée par un courant rapide, venant du Sud, qui se déplace vite.” C’est ce que montre le climatologue Christophe Cassou dans le tweet suivant : Les particules empruntent toutes le même chemin qu’un entonnoir et remontent du sud de l’Espagne/Maghreb vers le nord. Il s’agit d’un #PlumeDeChaleur #HeatPlume bien visible dans l’animation de la température à ~1500m d’altitude avec cette poussée très typique/classique4/sud.. pic.twitter.com/N9YwKImeUM — Christophe Cassou (@cassouman40) 12 juin 2022 Un nuage de chaleur est donc l’affaire de plusieurs jours, à moins qu’il n’évolue. Il est ensuite transformé en un dôme chauffant. Ce dernier se crée lorsqu’il y a une décélération des vents en altitude, que l’on appelle aussi “Jet Stream”. Ces vents immobilisent une masse d’air en un seul endroit, comme si on plaçait un couvercle sur une casserole d’eau bouillante. Cependant, les prévisions n’indiquent pas actuellement que cela se produira pour la prochaine vague de chaleur.

Plus chaud, plus extrême

La canicule actuelle s’inscrit dans une tendance déjà bien observée par les chercheurs, celle de l’accélération des épisodes thermiques. En effet, Météo France explique que 23 canicules ont été enregistrées ces 21 dernières années (entre 2000 et 2021) contre seulement 17 en 53 ans (1947-1999). De plus, le caractère extrême de ces phénomènes météorologiques tend à augmenter. Il suffit de regarder le nombre de catastrophes naturelles pour le comprendre. Une étude récente a affirmé que dans huit ans (en 2030), le monde pourrait faire face à environ 560 catastrophes chaque année, contre 350 aujourd’hui. C’est d’ailleurs ce qu’explique une série de messages Twitter du climatologue et directeur de recherche CNRS, Christophe Cassou : Bref, les situations extrêmes ont toujours existé, mais l’influence humaine modifie leurs statistiques et favorise la survenue de phénomènes très rares/exceptionnels, même au niveau actuel de réchauffement climatique (+1,1°C) 31/. pic.twitter.com/KN3uy99WVi — Christophe Cassou (@cassouman40) 12 juin 2022 “Cette canicule est un signe du changement climatique actuel”, explique Gaétan Heymes. Il n’est pas seul. Entre les prochaines grosses chaleurs, le manque de pluie hivernale qui a asséché les nappes phréatiques, ou encore un printemps très chaud, les signes de fluctuations saisonnières dues au réchauffement climatique sont nombreux.

En 2100, l’été pouvait durer 6 mois

Progressivement, les étés disparaîtront au printemps et en automne, tandis que les hivers devraient devenir plus courts et plus doux. En témoigne une étude de chercheurs chinois publiée dans Advancing Earth and Space Science en février 2021. Ils expliquent que d’ici 2100, l’été durera six mois et l’hiver plus de deux. Un autre signe de ce changement de saison concerne la floraison. Dans une étude de la Royal Society en février dernier, des chercheurs britanniques expliquent comment la hausse des températures favorise la date de floraison. Des remarques similaires ont été faites au Japon, où le “Hanami” (événement des fleurs de cerisier) n’a plus lieu en avril, mais en mars. Ce changement est mal annoncé, perturbant le cycle et le fonctionnement des écosystèmes. Au niveau agricole, la floraison accélérée fragilise les plantes face aux gelées tardives, comme on l’a observé il y a quelques mois. La floraison dérange aussi les animaux, qui ne s’adaptent pas aussi vite que les plantes au réchauffement climatique. Un autre élément qui aggrave la crise de la biodiversité. À lire aussi HuffPost : voici le bilan carbone du jet privé de Bernard Arnault (mais pas le pire)