PARIS (Reuters) – Les principaux marchés boursiers européens devraient augmenter mardi, la pression des ventes semblant s’atténuer au moins temporairement après la séance volatile de la veille, dominée par la révision accélérée des attentes d’une hausse des taux d’intérêt américains. Les contrats à terme sur l’indice suggèrent une reprise de 0,82% pour le Dax à Francfort, 0,65% pour le FTSE 100 à Londres et 0,74% pour l’EuroStoxx 50. Quant au CAC 40 à Paris, il pourrait marquer une hausse d’environ 0,8% selon premières indications disponibles. La place parisienne vient de perdre 8% en cinq séances, la ramenant à son plus bas niveau depuis le 8 mars. Quant à l’indice large européen Stoxx 600, il a marqué lundi sa pire clôture depuis mars 2021, après avoir chuté de 7,12 % en cinq séances. Cette forte baisse s’explique principalement par la révision rapide à la hausse des anticipations de taux d’intérêt par la Réserve fédérale, suite à des chiffres d’inflation supérieurs aux attentes aux États-Unis. L’American Standard & Poor’s 500 a rejoint lundi le Nasdaq dans le “marché baissier”, plus de 20% en dessous du record de janvier. “La dernière fois que le S&P 500 a connu quatre jours consécutifs d’une telle baisse, c’était en mars 2020”, a déclaré John Plassard, PDG de Mirabaud Securities. Goldman Sachs, par exemple, a annoncé lundi soir qu’il s’attend désormais à des hausses de taux d’intérêt de 75 points de base mercredi et le mois prochain, et la possibilité estimée d’une augmentation de trois quarts de l’objectif de taux d’intérêt des “fed funds” est plus élevée. de 30% à 96% en moins de 24h selon le baromètre FedWatch de CME. “Si tout se passe comme prévu, cela signifie que le taux de référence de base de la Fed aura augmenté de 1,5 point de pourcentage en seulement trois mois”, a déclaré John Plassard. Or, pour les investisseurs, une augmentation aussi rapide du coût du risque de crédit entraîne la première économie mondiale dans la récession et dégrade la rentabilité des sociétés cotées. Autre perspective défavorable pour les marchés : celle d’une nouvelle détérioration de la santé en Chine, où les autorités ont décidé de tester plusieurs millions de personnes à Pékin après la découverte d’un cluster dans un bar. LE PRIX Les rendements des obligations d’État américaines ont peu évolué en Asie, mais ils conservent l’essentiel des hausses spectaculaires enregistrées lundi : la décennie a atteint son plus haut niveau depuis 2011 à 3,381 %, le deux ans a atteint son plus haut niveau depuis décembre 2007 à 3,283 %. et le quinquennal a atteint 3,489 %, le plus élevé depuis juillet 2008. Cependant, le segment de deux à dix ans de la courbe des taux, qui s’était un moment inversé, est redevenu positif. Un degré d’incertitude extrêmement inhabituel sur les décisions de la Fed a interrompu lundi l’enchère de 45 milliards de dollars du département du Trésor sur trois mois, que les économistes de Jefferies ont qualifiée d’”historiquement horrible”. UNE ROUTE Le New York Mercantile Exchange a clôturé en forte baisse lundi et a repoussé l’indice Standard & Poor’s 500 vers le redouté “marché baissier” tandis que les rendements obligataires ont évolué dans la direction opposée et ont augmenté de façon spectaculaire. La moyenne industrielle du Dow Jones a chuté de 2,79%, ou 876,05 points, à 30 516,74, le S&P-500 a perdu 151,23 points, ou 3,88%, à 3 749,63 et le Nasdaq Composite a chuté de 530,8 points (-4203,8%). A ce niveau, le S&P 500 recule de près de 22% depuis son sommet du 3 janvier (4 976,56 points) et entre officiellement dans la zone de “bear market”. L’indice de volatilité CBOE, aussi appelé « indice de la peur », a été bouclé à son plus haut niveau depuis le 9 mai. Les principales parties du S&P 500 se sont toutes terminées en rouge et seulement dix de ses actions se sont terminées en vert. Au sein du Dow Jones, les baisses les plus spectaculaires ont touché Boeing, qui a chuté de 8,75 %, Salesforce (-6,89 %) et Dow (-5,3 %). Les contrats à terme affichent actuellement une exposition plus élevée. EN ASIE A la Bourse de Tokyo, l’indice Nikkei perd 1,68% moins d’une heure après la clôture et atteint un plus bas le 19 mai en séance, sanctionné à la fois par la perspective d’une accélération du durcissement de la politique de la Fed et la crainte de nouvelles restrictions pour la santé en Chine. . Les marchés chinois sont également dans le rouge : le Shanghai SSE Composite perd 1,02% et le CSI 300 1,31%. CHANGEMENTS Le dollar est resté pratiquement inchangé face aux autres principales devises, proche d’un plus haut de 20 ans lundi, grâce au double effet transférable des anticipations de hausse des taux d’intérêt américains et de baisse des valeurs refuges. Le yen, qui montait en début de séance, a de nouveau chuté après l’annonce par la Banque du Japon d’un nouveau paquet d’achats d’obligations d’État de 800 milliards de yens, visant à réduire les rendements. L’euro a regagné un peu de terrain à 1,0419 dollar après être tombé légèrement sous 1,04, au plus bas depuis le 16 mai. Les principales crypto-monnaies sont passées à 22 980,39 $ pour le bitcoin (+ 2,36 %) et 1 228,21 $ pour l’Ether (+ 1,61 %). PÉTROLE Le marché du pétrole, qui a clôturé en hausse lundi après avoir passé la majeure partie de la journée en territoire négatif, est actuellement hésitant, tiraillé entre les craintes d’une récession et les signes d’une offre limitée. Ces derniers sont en effet exacerbés par la baisse des exportations libyennes. Le Brent a chuté de 0,11% à 122,14 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a chuté de 0,06% à 120,86 dollars. (Écrit par Marc Angrand)